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Le blog de Monsieur Dyrek
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25 décembre 2020

Le Père Noël aux trois Cent douze planètes, récit du 6 décembre en 12 paragraphes, Calendrier du Père Noël à illustrer !

Le Père Noël aux trois Cent douze planètes

 

        Récit du six décembre, en douze paragraphes... Le Calendrier du Père Noël peut être illustré par vous : choisissez le mois et faites parvenir votre dessin au format jpeg. Vous pouvez illustrer aussi le Père Noël actif sur l'une des 312 planètes : 1,2, 3 crayons, feutres, pinceaux !

PereNoel etMDyrek d2020

     Au contrôleur de ce tramway parisien, je dis sans trace d’agressivité, par description factuelle et volonté d’éclairage des lanternes par un mini débat, que c’est la quatrième fois que je suis contrôlé depuis la veille, relativement à mon titre de transport, du reste non pas par rapport à mon attestation de déplacement, je lui demande si le fait qu’on est en fin de mois, le onzième mois précisément, joue dans la multiplication des apparitions du Contrôleur et le délai accordé aux gens pour bien se mettre à comprendre le sérieux de disposer de l’attestation, il me répond à la volée : Quatre fois sur cette ligne de tramway, cela m’étonne… Non, précisai-je, par les différentes lignes dont le TransValdeMarne jusqu’à Antony, à la correspondance de Denfert-Rochereau…

    En tout cas, me dit-il nous les contrôleurs, on ne travaille pas qu’une fois ou deux au début ou à la fin du mois, malgré l’idée souvent répandue. Nous sommes envoyés sur plusieurs lignes, c’est en fonction des statistiques et des besoins d’améliorer la lutte localisée contre la fraude. Vous n’êtes pas comme le Père Noël alors - ou le Père Fouettard qu’j’ai pas pensé compléter - qui travaille une fois dans l’année ? Ah non on n’est pas tout le mois tranquilles dans le bureau et à nous lever de nos chaises juste une fois régulièrement… Bon allez, bonnes fêtes à tous, dit le contrôleur qui n’a pas convaincu mes hôtes aux quatre places du tram qui file vers Balard : on les voit bien sortir davantage à certaines périodes, qu’ils nous racontent pas d’histoires…

     A propos d’histoires, la remémoration de cette petite saynète de transports m’a donné une révélation – peut-être l’illusion d’une révélation – j’ai compris, j’ai cru comprendre… quelque chose de décisif sur l’activité du Père Noël et sa prétendue inactivité une très large partie de l’année. Beaucoup d’enfants du monde entier, et partant beaucoup de familles, se demandent ce que peut faire le Père Noël au fil des jours, des semaines, des saisons, avant de se lancer, éperdu sur le fil, un peu comme le lièvre de la fable de La Fontaine mais qui ne perdrait pas sa course contre la tortue, au mois de décembre, sur la préparation des cadeaux - à apporter pile poil le vingt-cinq de ce mois couronné par les cheminées de la planète…

     Certains envisageaient un Père Noël se la coulant douce avec un calendrier que nous pourrions créer avec les loisirs de mois en mois janvier : le Père Noël fait du ski, février le Père Noël fait de la luge, mars le Père Noël fait des balades, avril le Père Noël sur les chemins se découvre d’un fil, mai le Père Noël fait vraiment ce qui lui plaît, juin le Père Noël s’amuse bien, même très bien, juillet le Père Noël fait du surf, août le Père Noël fait de belles balades encore sans doute, septembre le Père Noël bronze encore, octobre le Père Noël est en sorties pas toujours sobres, novembre le Père Noël fait un tour et encore un tour et pas seulement dans sa chambre et pour décembre bien sûr on le voit s’activer avec les lutins et se déplacer dans le ciel avec son traîneau de rennes hyperboréaux et sa hotte débordant de cadeaux pour les chaussons des enfants sages !

     Certains dialogues auxquels nous participons ou que nous saisissons sont peut-être là pour nous envoyer des signes et nous faire prendre conscience par l’altérité présente dans tout vrai dialogue de quelque chose du monde que notre seul ego n’avait pas pu percevoir. C’est ainsi que je me suis dit que le Père Noël, à l’instar des contrôleurs, travaillaient, les jours où nous ne les voyons pas, ne les entendons pas, sur des lignes qui sont en parallèle aux nôtres ou les croisent. Si je présente les choses, conformément à un mode de fantastique, un modèle répandu dans la création romanesque de science-fiction ou de néo-science, ce serait de présenter notre Père Noël comme œuvrant chaque jour en tant que livreur de cadeaux dans un monde parallèle différent. Ainsi le Père Noël travaillerait tous les jours, mais un seul jour vraiment actif par monde, et serait employé par quelque trois cent soixante cinq mondes parallèles…

     Des mondes parallèles ou des planètes accueillant la vie et des enfants sages… Il doit bien y en avoir trois cent soixante cinq dans l’univers, le nombre de jours de notre calendrier de douze mois hors années bissextiles – bizarrement c’est précisément lors d’une année bissextile que je rappelle le nombre impair en cinq… Comment suis-je parvenu dans mon titre alexandrin au décompte de trois cent douze planètes ? Eh bien j’ai estimé que le Père Noël devait avoir ses dimanches, son septième jour, celui du repos, qui est inscrit dans nos textes religieux fondateurs et qu’il soit simple employé du Divin ou son propre employeur agissant en travailleur indépendant, il devait bien disposer du repos dominical, au moins à titre d’exemple ou de modèle social. En soustrayant les cinquante-deux dimanches, nous obtenons un total de trois cent treize jours œuvrés… Afin de ne pas rester sur un nombre qui peut sembler de mauvais augure, avec l’envers d’un treize pour le commencer et un treize pour le finir, je lui accorde, pour l’euphonie de mon histoire, un jour de repos supplémentaire dans l’année, qu’il peut prendre à sa guise.

PereNoelHotteCadeaux2020

    Et si cet agencement d’une unité de jour, trois cent douze au lieu de trois cent treize, expliquait aussi finalement tant de récits télévisés d’automne et d’hiver où l’enjeu narratif tout en tension se trouve précisément être la volonté du Père Noël de ne pas travailler exceptionnellement sur notre planète la nuit du vingt-quatre au vingt-cinq, son désir de s’accorder un repos, sa lassitude face au manque de considération, sa saturation d’avoir travaillé tant d’années et d’années, sa hotte chargée de cadeaux certes, mais aussi de fagots comme un faix d’années lourd, lourd à porter et peut-être que le Père Noël est rassasié de jours et de plus que de jours et que le minimum syndical et divin auquel il puisse prétendre serait une douce et tranquille retraite et qu’il n’est pas certain que le contrat initial l’ait prévu il y a quelque deux mille ans de cela…

     J’écris ce texte de réflexion ou de divertissement, de fiction ou d’hypothèse, le jour de la Saint-Nicolas, quelque part et en quelque façon l’ancêtre de notre Père Noël à tous et nous sommes un dimanche, un dimanche où l’Avent a commencé et les lieux de culte viennent juste de rassembler des offices religieux lors de cette année de crise sanitaire mondiale. Lorsque je contai mon hypothèse à un collègue d’origine iranienne, professeur d’anglais remplaçant, en thèse de littérature irlandaise, il me demanda tout net, mais comment le Père Noël ferait-il selon tes vues pour aller de monde en monde, tous ces mondes parallèles dont tu parles ? et c’est alors que j’eus la vision de ces Rennes cosmiques et d’un traîneau fantastique passant de monde en monde, de ciel en ciel et ce fut comme une apparition éclairante, éblouissante dans mon esprit, qui me fit comprendre que mon intuition était la bonne, je lui livrai mon image reçue sur un haut plateau et lui dis que je n’avais pas d’imagination et qu’il ne s’agissait pas à la vérité de fiction, puisque j’accédai, une fois encore par le choc et le sas d’une altérité, à la réception de la pure et simple réalité, qu’il s’agissait de lire et de voir, jusqu’à l’éblouissement fugitif et tenace.

    Comme pour toute révélation, le doute est là pour tarauder, donc pour être honnête et au net avec toutes les pensées qui me sont venues sur l’emploi du temps réel du Père Noël, je dois vous dire que je me suis demandé si je n’étais pas victime, par mes élucubrations justificatives, de la quasi impossibilité de notre part à nous représenter un travailleur ayant autant de jours de repos que notre Père Noël classique et que les présidents directeurs généraux et les responsables des ressources humaines m’avaient peut-être manipulé par quelque pensée magique ou ondulatoire pour accoucher de ma petite fable d’un Père Noël qui serait hyperactif et à temps plein de monde en monde, abolissant, si mon récit devait connaître une certaine audience, l’image d’un Père Noël faisant le bonheur universel, le sien, celui des enfants et des familles, en travaillant si peu de temps, mais avec une telle efficace.

     Il s’agirait pour les employeurs de lutter contre toutes les images et les thèmes d’un temps disproportionné de repos par rapport aux jours et heures ouvrés, alors mon histoire présentée comme une révélation viendrait à pic pour nous mettre dans nos esprits qu’il faut travailler effectivement six jours sur sept pour ne pas déroger à la loi, à la règle, à l’habitude, à la routine, à nos routes pour border les moutons cadrés. Que répondre à cela ? : est-ce une extravagance de plus, un paragraphe qui ajoute un élément de puzzle narratif dans un monde déjà bien complexe ou, selon le mot à la mode cette année Vingt Vingt, « compliqué » ?

     Et si le Père Noël était effectivement un chômeur au long cours à qui l’on accordait un job en fin d’année pour remplir les couloirs et les étages des grands magasins faisant s’insurger le Charles-Edouard, que j’imaginai il y a plusieurs années, face à la multiplication des Père Noël, renvoyant à la duplicité du monde des adultes et d’un monde marchant ? Et si le Père Noël était un intermittent du spectacle dégottant un cachet supplémentaire à la période où les gens s’accordent leur trêve et envisagent comment ils vont passer ces journées particulières en famille, entre amis ou en solitude ? Et si le Père Noël était ce saint Nicolas, de cette date précise, récurrente de siècle en siècle, venu du fin fond de l’Europe et des temps pour inaugurer la venue miraculeuse, participer à la joie simple d’ouvrir l’espace de nos cœurs à l’arrivée du Seigneur sur la Terre par le cadeau d’une orange, d’une clémentine, d’un quartier, d’une attention à l’autre et aux autres, en humilité et simplicité ?

     Et si cette vérité simple et toute petite nous arrivait par la grâce d’un conte l’année même où nous avons par besoin de protection interindividuelle dû avoir recours au port du masque, une vérité démasquée enfin ? et ce doute taraudant encore et encore, est-ce une illusion de plus, est-ce un masque retiré faisant apparaître un autre masque encore et un autre masque encore, comme des palimpsestes perpétuels, comme des poupées russes de mondes en mondes, de ciels en ciels… - Pourquoi parlez-vous de mondes et de ciels au pluriel ? Il n’y a qu’un monde et c’est le nôtre. Quant à l’altérité elle y est déjà présente et le grand défi est de parvenir à l’accueillir sans qu’on n’ait à s’embarrasser d’autres mondes et d’autres ciels, tout est déjà là, il nous suffise d’ouvrir les yeux et de tendre l’oreille et la main…

     Ecrit en douze paragraphes à L’Haÿ-les-Roses le dimanche 6 décembre 2020, par Laurent Dyrek.

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